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Godzilla ne peut pas être tué 2023 Live Show Durée: 120 mins “Godzilla ne peut pas être tué” est une performance que j’ai créée dans l’appartement Jijian du bâtiment historique The Cloister à Shanghai. Commencée avec l’histoire du film nord-coréen “Pulgasari” (Le Monstre de Pyongyang), cette performance rassemble plusieurs textes de styles différents, intègre du chant lyrique, des diffusions télévisées, des exercices de gymnastique, des danses de places publiques et des récitations fragmentaires. Il s’agit à la fois d’une répétition en direct et d’une expérience de lecture ouverte de mon essai “Li Ge Zhi” (Journal du confinement) écrit en 2021 lors de ma quarantaine dans une chambre d’hôtel à Shanghai.Afin de refléter l’expérience corporelle liée au “Journal du confinement”, je considère l’ensemble du bâtiment comme le lieu de la performance. L’entrée du bâtiment devient le point de départ, de sorte que le déroulement de la performance commence depuis l’extérieur, puis se poursuit à l’intérieur de l’appartement au deuxième étage, pour finalement se terminer sur la terrasse du toit. Au cours de l’après-midi, certains membres du public arrivent progressivement, participant aux répétitions des acteurs. Lorsque le moment de la performance arrive, une forte pluie se déclenche soudainement, forçant le public à se rassembler à l’entrée à l’intérieur du bâtiment. L’agent de sécurité nous interdit de nous rassembler devant l’escalier. Notre négociation inattendue constitue le prélude de la performance. Sous les regards du public, je demande à la chanteuse lyrique Tingting de sortir de la foule et de se tenir devant l’escalier pour commencer ses exercices vocaux. Je suis toujours intéressé par l’entraînement vocal, car il prépare le corps à la performance. Elle fait des gammes en montant et en descendant les escaliers, les notes montant et descendant au fur et à mesure de son ascension. Une fois arrivée au dernier marche, elle doit tenir la note la plus élevée de sa tessiture devant l’affiche de “Godzilla Ne Peut Pas Être Tué”. Ensuite, le public la suit jusqu’à l’appartement au deuxième étage. Les spectateurs peuvent admirer le style espagnol de l’appartement. Simultanément, on entend l’animateur de radio Ruoxuan pratiquer des exercices vocaux sur le canapé de l’entrée. Lorsque Tingting traverse le couloir de l’appartement pour atteindre la terrasse, je lui demande de produire quelques notes graves, longues et lentes, transmettant un état d’esprit mélancolique et solennel. Elle traverse ensuite le couloir de la terrasse pour entrer dans le hall intérieur, sa silhouette vêtue d’une robe bleue disparaît de la vue du public. À ce moment-là, le public s’installe progressivement sur les canapés et les chaises. Ruoxuan continue de répéter ses vocalises, utilisant ses mains pour soutenir sa taille, ses muscles abdominaux se contractant, sa robe vibrant au rythme de ses exercices. Sa méthode d’entraînement habituelle exigeait la mobilisation intensive de muscles variés, y compris la langue, les cordes vocales et la bouche, pour travailler la résonance de la cage thoracique. Ces exercices vocaux rythmiques et cadencés sont entièrement techniques et dépourvus de sens sémantique. Ils visent à stimuler précisément les muscles appropriés, y compris la pointe et l’arrière de la langue, la lèvre supérieure et inférieure, comme un entraînement physique d’un gymnaste. J’ai sélectionné quelques virelangues et une nouvelle politique du jour dans sa routine d’entraînement. De plus, je lui ai demandé au présentateur de donner une brève conférence sur la prononciation du “mandarin télévisuel”. Ensuite, la télévision du salon diffuse une démonstration de radio gymnastique, et l’écolière Yiwei , apparue en uniforme scolaire, effectue deux fois les mouvements. l’animatrice Ruoxuan crie “1-2-3-4, 2-2-3-4” tout en donnant le rythme, et Yiwei l’a suit. La vitesse de l’animatrice augmentait progressivement, et Yiwei accélère jusqu’à ce que son corps ne puisse plus suivre, rendant ses mouvements désynchronisés, avant de quitter la scène. J’éteins toutes les lumières de la salle. Dans l’obscurité, les aînés danseurs amateurs du groupe “ Meifang” se relayaient pour rechercher les extraits de l’essai “Li Ge Zhi” qu’ils avaient cachés dans divers endroits de l’appartement lors des répétitions de l’après-midi, que ce soit près de la cheminée, entre les coussins du canapé ou sous le tapis... “ “ Li Ge Zhi” est un essai que j’ai écrit en 2021 pendant ma période d’isolement à Shanghai, et il comprend de nombreuses réflexions fragmentées ainsi que des observations sur la disposition intérieure des hôtels. L’appartement est bondé, les spectateurs sont assis très près les uns des autres, ils peuvent ressentir quelqu’un se lever ou passer à côté d’eux. Tenant une lampe de poche et recherchant les extraits de l’essai, ils lisent chaque morceau à voix haute. Le contenu de ce texte leur est inconnu, et chacun a un accent mandarin différent. Cependant, ces différences d’accent, ainsi que le décalage entre la langue parlée et la langue écrite, leur ont permis d’interpréter et de s’approprier le texte. Cette lecture, occupant différents espaces de l’appartement, est réalisée en plusieurs parties durant toute la durée de la performance. Ensuite, la musique salsa “The boy” a retenti, et Yawei est réapparue dans une robe rose, tout en distribuant des feuilles de devoirs aux spectateurs. Elle est ensuite retournée à une table pour lire ces feuilles à voix haute. Rappelant une scène familiale, la mère de Yawei, Azhen, est assise à la table pour la guider. Les feuilles de devoirs sont des exercices de prononciation en pinyin extraits de la semaine, qui comportent des mots grandioses tels que “民族” (nationalité), “伟大” (grand), “崇高” (sublime), etc. Par la suite, je demande à Ruoxuan, l’animatrice radio, d’insérer des exercices phonétiques composés de monosyllabes, sémantiquement obscurs, entre les mots que Yawei lit, en donnant un rythme dynamique. Azhen, une mère au foyer à temps plein a une activité secondaire de vente de cristaux énergétiques, présente au public ses cristaux et leurs champs magnétiques. Afin d’aider le public à méditer et à éliminer les énergies négatives, nous diffusons une musique thérapeutique contenant un diapason de cristal de 4096 Hz sur Internet. Ensuite, le groupe de danse de place publique Meifang entame une deuxième séance de lectures sur “Journal du confinement”. Tingting, la chanteuse lyrique, sort du hall intérieur et se tient au centre de la salle. Le prélude symphonique d’une chanson patriotique retentit. Je crie “Commencez !”, et Tingting commence à se préparer émotionnellement. Lorsqu’elle est sur le point de chanter, je crie “Arrêtez !”, ce qui interrompt immédiatement son état émotionnel. Il s’agit d’une action violente, exigeant que la chanteuse lyrique accumule constamment des émotions, pour être constamment interrompue par le réalisateur. Après cette performance, la troisième séance de lecture “ journal du confinement “ a lieu. Cette fois, j’ai demandé à l’animatrice Ruoxuan de diriger tout le monde sur place dans un exercice vocal. Avec le rythme sonore collectif “”,Di-liu-liu-liu-liu-Di-liu-liu” les membres du groupe de danse cherchent le texte dans l’appartement. Les clameurs des spectateurs rendent le processus de recherche du texte amusant et rituel. L’interprétation des membres du groupe de danse me marque profondément. En raison de contraintes techniques, dès qu’une personne s’approche de la zone audio avec un microphone, un larsen strident se fait entendre, interrompant brutalement la récitation du texte. Finalement, nous devons avec précaution tester les frontières sonores de l’appartement et transférer une partie de la lecture à l’entrée du hall. En somme, que ce soit l’emplacement des personnes dans l’appartement ou la distance entre les personnes et les microphones, tout est dans un état flexible et mouvant. Aux antipodes d’un grand gala précis, compact et discipliné. Après la lecture, les lumières de la salle se rallument, et enfin, la danse de la place publique commence. Les membres du groupe se présentent, puis dansent sur les deux chansons “等我熬过了所有的苦” (après que j’aie surmonté toutes les souffrances) et “时间你再慢点” (Le temps, ralentis un peu). J’ai sélectionné ces deux chansons parmi des dizaines de chansons de danse populaire. Ces corps dansant, rassemblés toujours sur l’espace public extérieur, occupent maintenant l’intérieur d’un appartement, se mêlant à la foule des spectateurs, exprimant librement leur joie et leur liberté corporelle. Contrairement à ce qui est initialement prévu, les membres du groupe de danse ne veulent pas essayer de ralentir pour danser à nouveau “时间你再慢点” (Le temps, ralentis un peu). Je décide de ne pas insister sur cette tentative, car à ce moment, la salle est remplie de joie et d’émotion. Je me sens capable de mettre fin à cette performance à ce moment de résonance. L’oeuvre s’intitule “Godzilla immortelle”, mais “après avoir surmonté toutes les souffrances”, nous voyons que les corps et les voix des gens restent agiles. Peut-être que “l’immortel “ est désormais “mortel”.

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